La fermeture résidentielle: Recompositions urbaines, pratiques et représentations.

Ce blog a pour finalité de présenter mes travaux de recherche et leur avancement au fil des trois années de thèse au sein du laboratoire ART-Dév de l'Université Montpellier III.

Cassandre DEWINTRE, Monitrice allocataire MENRT, Université Montpellier III

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Méthodologie

(Voir également les travaux de J.Graniaux sur les ensembles résidentiels fermés à Marseille qui ont permis d'établir la méthodologie : http://fr.scribd.com/mobile/doc/53348261)

- Il s'agira ici de s'approprier des outils méthodologiques qui pourront permettre de confirmer ou non les principaux axes et hypothèses d'étude élaborés en amont. La construction d'une méthodologie de la recherche doit être un travail rigoureux car cette étape est cruciale pour admettre la pertinence non d'un projet de recherche. Il sera question pour ce travail de thèse de décliner trois outils méthodologiques qui permettront la concrétisation de la recherche et qui définiront la pertinence de celleci. En générant cette méthode d’appréhension du processus, l’idée tient à son application possible à l’ensemble des territoires d’étude, ici les agglomérations de Montpellier et de Marrakech.


L’outil SIG

- Dans une première phase du travail, il s’agira d’identifier de manière exhaustive les ensembles résidentiels fermés dans les deux villes et leurs caractéristiques formelles et socio-économiques15. Pour cela, il sera question d’établir un système d’information géographique (SIG). Le SIG est un système de gestion de base de données relationnel et géoréférencé. L’outil permet de cartographier, donc de représenter les phénomènes étudiés pour ainsi plus facilement les comprendre et les visualiser. C’est un outil de cartographie multicouches qui permet des calculs impliquant une localisation (distances, périmètres, superficies…). Il représentera l’outil principal de la recherche en servant de fil conducteur et il permettra d’entrer dans le sujet par le territoire en créant une typologie de la fermeture résidentielle. Grace à celui-ci, nous pourrons, dans une démarche inductive, partir des faits observés pour expliquer le phénomène étudié. Cet outil SIG sera en ce sens très utile car il pourra nous servir à définir des terrains d’étude cohérant via l’élaboration d’une typologie de la fermeture. L’établissement de ce SIG centré sur les agglomérations de Montpellier et de Marrakech, outil cartographique tant que statistique, servira notamment dans l’étude de la diffusion et des modalités de l’enclavement résidentiel. Via sa rigueur et ses nombreuses possibilités (Recours à l’utilisation des requêtes SQL et possibilité de croisement des données de différentes natures), cet outil informatique nous permettra d’aborder cette recherche de manière systémique, ce qui coïncide avec notre ambition de construire une typologie ainsi qu’une cartographie rigoureuse de la fermeture résidentielle.

- Le but ultime du SIG concernant la fermeture résidentielle est en effet
l’établissement d’une typologie qui, après une analyse rigoureuse des phénomènes mis en exergue par la cartographie pourra permettre de classer ces mêmes phénomènes, de les quantifier. Il s’agira donc en premier lieu de décrire et d’analyser précisément le corpus des données recueillies afin d’observer les principales dynamiques mises en avant. On basera l’étude sur les cartes construites au fil des recherches mais aussi sur les analyses thématiques (les différentes tables de données). Puis il faudra à terme distinguer une logique de classification des résidences fermées. Ainsi nous pourrons vérifier la justesse ou non des hypothèses émises en amont concernant la diversité des formes du bâti ou des populations résidentes. Construit avec les résultats d’un inventaire de terrain systématique effectué dans les zones définies en amont, les données seront inédites et permettront d’appréhender quatre grandes dimensions du processus de fermeture résidentielle. Il sera question de traiter ici de la localisation du bâti, des dates de construction du bâti afin d’observer l’évolution du phénomène de fermeture résidentielle à l’échelle d’une ville, le type de bâti qui permettra de définir les différentes formes prises par les enclaves résidentielles et enfin la différenciation sociale qui mettra en avant, via le traitement statistique, le portrait des populations résidentes.

L’outil d’enquête

- Un travail plus qualitatif sera ensuite réalisé sous la forme d’une enquête par
entretien auprès des habitants pour chacun des types d’enclave résidentielle identifiés. Nous pourrons de cette façon envisager la multiplicité des enjeux qu’implique la fermeture résidentielle en essayant de traiter cette notion sous différentes facettes. L’objectif de cette enquête est de saisir les pratiques et les représentations attachées aux enclaves résidentielles fermées. En effet, l’entretien, fait de paroles où l’on recueille le discours, permettra de saisir la dimension vécue des pratiques. Plusieurs dimensions pourront être captées grâce à l’utilisation de cet outil. Les catégories socio-économiques et les pratiques dans un premier temps pourront être observées via l’hypothèse d’une diversification des statuts et des pratiques des résidents et permettront de comprendre les trajectoires résidentielles des populations concernées. Les attentes et représentations des individus ensuite pourront être identifiées via la tenue d’entretiens et permettront d’appréhender le rapport des résidents à leur lieu de vie et la diversité des stratégies résidentielles existantes. Grâce à ces échanges, nous pourrons envisager l’existence de conflits d’intérêt au sein d’une résidence ou au contraire, le développement du lien social.

- Enfin, il s’agira de conduire une enquête par entretien pour capter les approches
des acteurs politiques, des techniciens ou de la promotion immobilière de manière à comprendre quels enjeux cette forme résidentielle représente pour ces différentes personnalités. Ce dernier travail d’enquête pourra saisir le rôle des acteurs économiques et politiques dans la médiatisation et le développement des ensembles
résidentiels fermés, ainsi que dans la construction des significations qui leurs sont attachées. La question des conflits autour de ces formes résidentielles (entre résidents, entre habitants et usagers, entre habitants et acteurs politiques…) pourra être également appréhendée à travers une enquête de type qualitatif.

Le travail documentaire

- Enfin, il sera indispensable d’entreprendre un travail documentaire. Ce travail
documentaire sera l’étude de données déjà existantes et qui apporteront un complément incontournable au travail de recherche de terrain. Il sera ici question de percevoir les effets potentiels de ces données sur l’existant, sur le processus de fermeture résidentielle, dans une vision globale, mais aussi pour une compréhension du phénomène au niveau local. Pour se faire, il faudra s’attacher à l’analyse des textes de lois, des discours concernant la sphère politique, de publicités et de plaquettes commerciales concernant la promotion immobilière privée et d’articles et de documentaires pour la sphère journalistique. En analysant ces documents, nous mettrons en vis-à-vis les multiples approches et conceptions des différents acteurs pour essayer d’appréhender les rouages des jeux d’acteurs. Ce travail documentaire sera incontournable. Il pourra nous permettre de nous détacher du terrain, du local, pour tendre vers le global et obtenir des résultats plus pertinents et donc une vision plus objective du phénomène étudié. Simultanément aux enquêtes de terrain, le travail bibliographique sera approfondi et actualisé par les travaux en cours sur la question des ensembles résidentiels fermés, conduits notamment en France sur Toulouse et Marseille ou au Caire et à Beyrouth pour le Monde arabe.