La fermeture résidentielle: Recompositions urbaines, pratiques et représentations.

Ce blog a pour finalité de présenter mes travaux de recherche et leur avancement au fil des trois années de thèse au sein du laboratoire ART-Dév de l'Université Montpellier III.

Cassandre DEWINTRE, Monitrice allocataire MENRT, Université Montpellier III

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Mémoire de 2ème année de Master ADNT, Cassandre DEWINTRE, UM3, 2009, 220 pages

« Les enjeux, modèles et processus de diffusion des enclaves résidentielles fermées : Construction d’une typologie de la fermeture pour le quartier d’Aiguelongue à Montpellier »

Table des matières

PREMIERE PARTIE :

Le concept de fermeture résidentielle dans la recherche en sciences sociales : principes, évolution et méthodes
Introduction
I) Les travaux fondateurs : mondialisation, fragmentation et sécurisation
A- La genèse du phénomène de la fermeture résidentielle
B- Les modèles de la fermeture résidentielle
C- La surveillance des espaces urbains
D- La mondialisation du phénomène
II) Le débat scientifique en France : dépassement de la gated community et diversification locale
A- Le cas français : répartition ubiquiste et diversification des enclaves résidentielles fermées
B- L’évolution du concept d’habiter et les nouveaux modèles de ville en France
III) Quels questionnements, quelles méthodes pour l’appréhension d’un phénomène complexe
A- La fermeture résidentielle : quels enjeux ?
B- Les hypothèses construites pour la recherche
C- Une méthodologie de la recherche
Conclusion

DEUXIEME PARTIE:

Pertinence du terrain d’étude et diagnostic territorial : l’agglomération montpelliéraine
Introduction
I) L’ancrage de la fermeture résidentielle dans le sud de la France : la pertinence d’une étude sur l’agglomération montpelliéraine
A- Un développement des enclaves résidentielles favorisé dans le sud de la France
B- Montpellier : une agglomération qui offre une conjoncture favorable au développement du processus
C- Le choix d’échelles pertinentes : des communes de l’aire urbaine aux quartiers montpelliérains
II) L’exemple du quartier d’Aiguelongue
A- Situation et informations générales sur le quartier
B- Diagnostic territorial
1) Méthodologie et difficultés dans la construction du diagnostic
2) Identité des populations du quartier
3) Une population active et plutôt aisée
4) Diversification des types de logements ainsi que des équipements et services
C- Les grandes hypothèses sur le processus de développement de la fermeture résidentielle dans le quartier
Conclusion

TROISIEME PARTIE:

Mise en place d'une typologie de la fermeture résidentielle : application au quartier d’Aiguelongue
Introduction
I) La construction d'un SIG pour observer les effets de territoire et définir des terrains d'étude pertinents
A- Caractéristiques générales et pertinence d’utilisation dans l'étude
1) Qu'est-ce qu'un SIG ?
2) Pourquoi utiliser l'outil SIG ?
3) Les dimensions appréhendées dans le SIG ?
B- La construction d'un SIG et ses finalités
1) Les différents éléments du SIG
2) Le corpus de données
3) Analyse et constitution d'une typologie
4) L'outil central du travail de thèse
II) Modalités du recensement, données récoltées et mises en place des tables du SIG : l’application au processus de la fermeture résidentielle
A- Aire et méthodes de prospection
B- Localisation de la fermeture résidentielle dans le quartier d'Aiguelongue
C- Etablissement des tables du SIG
III) Croisement des données et établissement d'une typologie de la fermeture résidentielle
A- Comment établir une typologie ?
B- Les différentes formes et les différents niveaux de la fermeture résidentielle
1) Toponymie
2) Formes et types de bâti
3) Nombre de logements/taille des résidences
4) Age du bâti
5) Types, date d’enclosure
6) Accès
7) Niveau d'isolement
8) Surveillance
9) Infrastructures/équipements
10) Services
11) Accessibilité des ensembles fermés au reste de la ville
C- Quels modèles de la fermeture résidentielle ?
1) La propagation
a- La fermeture partielle
b- La résidentialisation
2) Le modèle de la gated community
a- La superstructure
b- Le lotissement enclos
3) Mixité du bâti et petites résidences : un modèle français de la fermeture ?
a- Les petites résidences totalement encloses
b- La mixité du bâti
Conclusion


Introduction générale

- Phénomène désormais mondialisé, la fermeture résidentielle induit une véritable évolution des espaces urbain et de l’habiter. Processus interrogé par de plus en plus d’acteurs de la recherche, des politiques ou des médias, les enclaves résidentielles s’inscrivent pleinement dans les grandes thématiques que sont la ville durable et plus largement le développement durable. De part la multiple forme prise par la fermeture aux différentes échelles que constituent les territoires, et du fait des enjeux sous-jacents au processus d’enclosure, il est d’intéressant de s’interroger sur les contextes locaux avant d’appréhender les mutations des espaces urbains et des rapports sociaux entre les individus.

- Car on observe dans les faits que la banalisation des îlots d’habitat enclos et privés est responsable de l’homogénéisation sociale des espaces résidentiels et constitue « un risque » pour la ville, en participant au phénomène de fragmentation sociospatiale. En ce sens, via le nouveau système économique incarné par la mondialisation (précarisation, accroissement des écarts sociaux), la ville se fragmenterait en îlots d’habitat, processus qui nuirait fortement à terme au ciment social des sociétés. La fragmentation spatiale dans le cas de la fermeture résidentielle se traduit par la mondialisation d’un type de bâti et donc également par la convergence des stratégies résidentielles des populations qui, de ce fait, modèlent le paysage urbain.

- Ces formes urbaines s’avèrent variables, offrant une large palette, car adaptées à l’espace colonisé. Dans ce contexte, il se révèle très difficile de définir précisément ces différents objets spatiaux, d’autant que chacun de ceux-ci ont en quelque sorte une identité propre, construite sur l’histoire de leur ville d’accueil, et sur l’évidente différence dans l’appréhension et l’organisation des espaces par les acteurs locaux de l’aménagement.

- La construction de la problématique de recherche tiendra à l’examination de ces différents points concernant la fermeture résidentielle qu’il faudra développer ici. A partir des hypothèses élaborées au fil des lectures, il s’agit de trouver des questions pertinentes, rassemblant l’ensemble des composantes de l’étude. La problématique doit donc s’atteler à rappeler le sujet d’étude, comporter bien-entendu les différentes questions posées par l’étudiant et inclure le terrain d’étude envisagé.

- En conséquence, et concernant le thème de la fermeture résidentielle, la problématique est la suivante : Comment le processus de fermeture résidentielle s’inscrit-il dans la sphère de l’urbain et dans le champ de la recherche ? Quelles sont les logiques de diffusion, les formes du bâti ou les modes d’habiter attenants au phénomène au niveau global comme à l’échelle du local ? Comment la France, à travers l’exemple de l’agglomération montpelliéraine s’inscrit-elle dans le processus de fermeture ? Quels enjeux pour les territoires concernés ?

- Selon cette problématique, le mémoire s’établit en trois parties. La première situe l’étudiant dans les travaux de la recherche et traite notamment de la sécurisation des espaces résidentiels, de l’évolution du concept d’habiter, ou encore des enjeux sociétaux portés par la fermeture résidentielle. La deuxième partie consistera en l'établissement d'un diagnostic territorial qui permettra d'expliciter la pertinence du terrain d'étude choisi pour la recherche sur la fermeture résidentielle. Enfin, dans la troisième partie, il sera question de l'établissement d'un système d'information géographique sur les enclaves résidentielles dans le quartier d’Aiguelongue à Montpellier qui aura pour finalité la construction d'une typologie de la fermeture résidentielle dans cet espace.


Conclusion générale

- La fermeture résidentielle est un processus en plein développement. Conséquence directe du renforcement de la mondialisation et des dynamiques de métropolisation, ce phénomène s’est implanté sur l’ensemble du globe en se diversifiant et en s’adaptant aux différents contextes locaux. Souvent appréhendée comme une des manifestations du processus de fragmentation urbaine, voire comme un risque de sécession dans le cas du modèle de la gated community étatsunien, la fermeture résidentielle rentre pleinement dans les thématiques et les enjeux de la ville durable. Révélatrice de la nouvelle crise d’identité des espaces urbains, cette forme d’habiter particulière marque la volonté toujours plus forte des populations de s’extraire de la mixité imposée par ville pour préférer l’entre soi. Cette ville à la carte, cette idée du voisinage choisi et non subi, a donné lieu au concept d’urbanisme affinitaire. Via ce concept, les acteurs de l’urbain ont envisagé la fermeture résidentielle comme un risque de fragmentation spatiale, de désolidarisation du ciment social ; en conclusion un espace ayant perdu toute référence globale : une ville éclatée. Les différentes lectures sur le sujet, ainsi que les nombreux questionnements qui ont découlé de ces travaux, nous ont montré toute la complexité d’un phénomène tel que la fermeture résidentielle. Développé en premier lieu dans les pays anglo-saxons, puis diffusé à l’Asie ou l’Afrique, ce phénomène a pu trouver un cadre d’installation favorable en Europe et notamment en France où les résidences sécurisées se sont implantées à partir des années 90. Principalement localisés dans le sud de la France, les ensembles résidentiels fermés sont au centre des débats politiques et médiatiques et ont progressivement infiltré le champ de la recherche en sciences sociales.

- En nous concentrant sur l’agglomération montpelliéraine, nous avons tenté de comprendre l’extension du processus de fermeture résidentielle dans l’hexagone en observant son adaptation à l’échelle locale. Ville dynamique, attractive et en pleine expansion, Montpellier s’avère constituer un lieu privilégié d’implantation des ensembles résidentiels fermés. En effet, il semblerait que ce type de construction se systématise à l’ensemble de la ville, porté par des promoteurs cherchant toujours la rentabilité à tout prix et par des acteurs politiques montpelliérains qui revendiquent toujours plus de surveillance et de sécurité urbaine. Ce mémoire et plus largement le projet de thèse auquel il appartient, a cherché à comprendre le développement de ce processus de fermeture résidentiel en proposant des hypothèses et une méthodologie adaptée au terrain d’étude envisagé. La construction d’un diagnostic territorial concernant le quartier d’Aiguelongue a permis d’étayer ces hypothèses et même d’en construire de nouvelles afin d’envisager le poids du phénomène de fermeture résidentielle dans ce quartier périphérique montpelliérain. Via l’utilisation de l’outil SIG, nous avons pu appréhender les différents effets de territoire et de la même manière rendre compte de la véracité ou pas de nos hypothèses. Le recensement, l’analyse et le triage des données via l’utilisation de cet outil, nous a permis d’établir une typologie de la fermeture résidentielle.

- Ainsi, nous avons identifié une polarisation de la fermeture résidentielle au sud du quartier, à proximité des lieux d’activité, des artères passantes de la ville et des principales lignes de transport en commun. Nous avons ensuite envisagé un développement privilégié du processus dans le quartier du fait de la faible densité urbaine qu’il présentait, notamment au nord et dans son extrémité est. Cette diffusion ouest-est de la fermeture résidentielle, allant de pair avec l’avancement du front urbain montpelliérain, il est désormais avéré que ce processus se développe préférentiellement dans les zones périphériques, à faible densité d’urbanisation. Cette étude nous a également servi à confirmer l’hypothèse de la diversification et par là la notion d’adaptation de la fermeture résidentielle aux différents milieux d’implantation. En croisant les données ayant attrait au type de bâti, à l’enclosure, à l’âge, au niveau d’isolement ou encore à la surveillance des résidences, nous avons mis en avant des modèles de la fermeture résidentielle qui prouvent cette diversification de forme mais aussi sociale au vu des différentes catégories de population y résidant. Loin des ambitions d’entre soi porté par l’édification des gated communities aux Etats-Unis, nous avons constaté pour l’agglomération montpelliéraine la simple volonté de protéger ses biens plus que sa propre personne. En somme, nous sommes loin des risques sécessionnistes étasuniens et plus près du principe de standardisation résidentielle pas forcement au départ désiré par les populations, mais plutôt imposé par la promotion immobilière et les politiques de la ville.

- Au final, nous avons pu, grâce à la méthodologie adoptée, déceler plusieurs modèles de la fermeture résidentielle et constaté son ancrage dans l’agglomération montpelliéraine. En ce sens, nous nous sommes concentrés sur les répercussions du développement du processus au niveau spatial et pour un territoire plutôt restreint. De ce fait, ce travail d’appréhension de la fermeture résidentielle est incomplet et ne représente qu’une partie seulement du projet de thèse. En effet, la fermeture résidentielle est un phénomène très complexe qu’il faut aborder au niveau spatial mais surtout en rencontrant les populations concernées. Au-delà d’un simple constat de territorialisation, d’adaptation au contexte local, il faudra, pour que l’étude soit pertinente et complète, s’attacher à définir les attentes, pratiques et représentations des populations à l’échelle des résidences. De plus, pour replacer ce travail dans un contexte plus global et toujours dans l’hypothèse d’une diversification de la fermeture résidentielle et d’une adaptation aux contextes locaux, nous devrons étudier un espace comparatif. Ainsi, nous pourrons constater les potentielles différences de développement du processus de fermeture dans des pays dont l’histoire, les identités, les conjonctures seront très éloignées. L’idée serait donc de mettre face à face ville du nord et ville du sud, France et Maroc, Montpellier et Marrakech, et d’observer les conséquences de l’implantation de la fermeture résidentielle dans ces deux espaces de référence.