La fermeture résidentielle: Recompositions urbaines, pratiques et représentations.

Ce blog a pour finalité de présenter mes travaux de recherche et leur avancement au fil des trois années de thèse au sein du laboratoire ART-Dév de l'Université Montpellier III.

Cassandre DEWINTRE, Monitrice allocataire MENRT, Université Montpellier III

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Enjeux de société, enjeux scientifiques

- La sécurisation des espaces résidentiels est inhérente au développement des villes
et donc intemporelle. Néanmoins, on note, et ceci dans un court terme, une prolifération massive d’ensembles résidentiels clos, d’enclaves urbaines qui attestent d’un changement global de la question de sécurisation des espaces d’habiter dans l’urbain. La multiplicité des formes prises par la fermeture et des matériaux sécuritaires attenants, tend à traduire des transformations profondes des modes de vie, des relations sociales, et des rapports à l’espace.


- La multiplication des ensembles résidentiels fermés et sécurisés en lien avec les
dynamiques de métropolisation, dans un contexte de renforcement de la mondialisation, a été largement analysée comme une manifestation de fragmentation urbaine, voire, dans les cas les plus extrêmes, de sécession. Elle est révélatrice, dans les espaces qui ont été les premiers marqués par cette dynamique, d’une tendance forte des classes supérieures, voire des classes moyennes, à se démarquer du reste de la société ainsi que « des principes communs de gestion de l’agglomération » pour former une enclave sécurisée, fondée sur une recherche d’« entre-soi » et d’affinités de style de vie (gated communities). Ce phénomène a été analysé comme un risque d’éclatement spatial s’accompagnant d’une perte de cohésion sociale et urbaine, comme une menace pour la ville prédite à « devenir, à terme, une somme de territoires à forte connotation identitaire, désengagés de toute référence globale», dans des contextes où la pauvreté et les écarts sociaux vont en s’accroissant.

- Le réseau de recherche pluridisciplinaire et international sur les gated communities crée par G.Glasze et a permis d’appréhender l’étendue du phénomène via quatre grandes manifestations scientifiques en 1999 à Hambourg, en 2002 à Mayence, en 2003 à Glasgow et enfin en 2005 à Pretoria. Celles-ci ont servi à fixer des foyers de forte croissance des enclaves résidentielles. Touchant en premier lieu les pays anglo-saxons tout particulièrement les Etats-Unis avec la multiplication des gated communities mais aussi l’Australie et l’Angleterre dans une moindre mesure, le phénomène s’est mondialisé en s’exportant en Amérique latine où il s’est développé sur les bases d’une très forte inégalité sociale mais aussi de très forts taux de violence et de criminalité en Colombie, en Argentine et surtout au Brésil , en Afrique qui connaît une croissance importante du phénomène surtout dans des zones de cohabitation entre différentes ethnies où Les écarts sociaux, le racisme latent et les faits de violence sont les facteurs favorisant la diffusion d’enclaves résidentielles fermées (Afrique du Sud), au Moyen-Orient et au Liban notamment, ce sont les différents conflits armés qui ont servi de terreaux fertiles à l’élaboration de ces forteresses résidentielles, mais aussi en Europe et plus particulièrement en France à partir des années 90, où, selon François Madoré, la fermeture résidentielle se serait développée dans les villes du sud à partir d’expériences pionnières à Toulouse.

- Que se soit la volonté d’entre soi, d’autonomie, de sécurité ou tout simplement de bien-être, les trajectoires des populations sont diverses et variées et impliquent l’étude systématique de chaque territoire touché par le phénomène. Peu à peu, le réseau de Glasze s’étend et de nouveaux se créent partout dans le monde, impulsés par un phénomène en plein développement et qui implique de plus en plus d’acteurs. Mais nombre de territoires sont encore inexplorés par les chercheurs. Il est donc impératif de relancer en permanence la thématique de la fermeture résidentielle et du fait la constante évolution des zones de bâti fermées. En effet, la compréhension de ce phénomène, qui se développe fortement, y compris dans des villes moyennes, et se mondialise, constitue sans aucun doute un enjeu de société, celui de la ville durable, et interpelle les sciences de la ville. Enjeu social et culturel en premier lieu à travers le risque de désaffiliation sociale, et,du point de vue des pratiques et des représentations, d’une perte d’urbanité entendue comme «mode d’être à la ville, comme système de représentation et comme construction collective qui rend possible la convivialité entre différents groupes, entre différentes populations usant d’espaces communs» et donc publics. Enjeu urbain et politique en second lieu. En effet, la réduction des espaces publics au profit des espaces privés, les entraves à la circulation des individus ainsi que la gestion de ces espaces fermés interrogent la gestion publique de la ville. A l’échelle métropolitaine, la question se pose aussi de la «disparition d'un système de fonctionnement, de régulation et de représentation» face au risque de sécession urbaine.

- Appréhendé par les sphères médiatique, scientifique ou encore politique, ce phénomène interroge sur le devenir des territoires de l'urbain. Ainsi, il se place au centre des débats sociétaux en incarnant un des enjeux de la ville durable. A travers ce concept,sont figurées toutes les thématique liées à l’identité, l’habiter, les modes de sociabilité des populations urbaines. En ce sens, l’appréhension de ce processus est primordiale pour toujours mieux comprendre nos sociétés.